Bécédi-Brignan
est une localité érigée depuis
1997 en chef-lieu de Sous-préfecture par le décret présidentiel N° 97/18 du 15 janvier 1997. Situé dans la Région de la Mé, plus précisément dans le Département d’Adzopé et à 75 Km d’Abidjan, son ressort territorial est constitué par les villages de Bécédi-Brignan, Bécédi-Anon, Mafa-Mafou, Mopé et Zommun. Ce gros
village de plus de 12 000 âmes (selon le recensement général de la population et de l'habitat de 1998) possède en son sein un patrimoine touristique qui mérité d’être promu : les
Monts Mafa.
HISTORIQUE
Autrefois,
les Béchiéduns (les originaires de la
Sous-préfecture de Bécédi-Brignan) vivaient dans un petit hameau perdu dans la
grande forêt giboyeuse des rives du Mafou, sur l’emplacement actuel des Mafas.
C’était
un peuple de méchants, de fétichistes et dont la mauvaise vie indisposait
fortement les voisins. Partout, on se plaignait d’eux. On les maudissait à
longueur de journée. Toutes ces plaintes, ces murmures, ces soupirs et ces
imprécations qui s’élevaient contre eux parvinrent bientôt aux oreilles de Dzeu, le Grand Odominga, le Dieu
tout-Puissant, qui décida de les éprouver afin d’arrêter les mesures qui
s’imposent.
Il
choisit un dimanche, jour où tous les Béchiéduns se trouvaient au grand complet
au village. Les hommes, après avoir adoré leurs fétiches, dégustaient paisiblement
le bon bangui; gesticulaient inconsidérablement et riaient à gorge déployée
sous l’arbre à palabre. C’est ainsi que Dzeu leur apparut subitement sous la
forme répugnante d’un petit garçon couvert de pians avec une escorte de
mouches. Une soif dévorante lui torturait le gosier. Il se dirigea aussitôt
vers les hommes et demanda humblement à boire par pitié.
Mais
jusqu’à l’unisson, nos hommes, déjà surexcités par l’alcool, éclatèrent en
injures et en insanités de toutes sortes à l’endroit de l’étrange inconnu.
D’autres, à l’aide de bâton, de chasse-mouche et de poignée de sable, le
ruèrent de coups qui le firent saigner atrocement. Ils ne pouvaient admettre
qu’un étranger et, pire encore, une saleté de cette nature ait le courage de
demander à boire le bangui dans leur unique kpako (gobelet pour servir le bangui).
Le
pauvre enfant cherchait vainement à sortir de la foule qui s’épaississait
autour de lui, lorsqu’un homme, du nom de Seubi
Bofé qui n’avait pas pris part au mouvement, réussit à l’extraire. Il
le conduisit à son domicile, barricada sa porte pour le couvrir des coups qui
continuaient à pleuvoir. Il lui donna ensuite à boire dans son gobelet de
famille et nettoya le sang qui coulait de ses ulcères. Lorsqu’il se sentit
un peu à l’aise et en sécurité, le pauvre petit garçon décida de regagner la
forêt et demanda à son protecteur de l’accompagner.
C’était
le moment décisif. À l’orée des bois, tous les pians de l’enfant disparurent.
Il se transforma en un beau jeune homme au teint fortement clair et qui, sous
les yeux de Bofé, commençait à grossir sans arrêt. Son corps prenait des
proportions de plus en plus démesurées. Son teint de plus en plus clair
illuminait toute la brousse comme sous l’effet d’une fournaise magique. Bofé
compris alors qu’il avait affaire à un Kaman, un grand génie de la brousse. Il tremblait de frayeur au pied de
son compagnon dont il n’atteignait plus le genou. Tout était devenu calme dans
les environs. Et c’est là que le colosse prit la parole: "Bofé!
Demain, dès l’aube, tu prendras ta femme, tes enfants, tes bêtes, tous tes
biens. Tu quitteras ce village de mécréants et tu monteras vers le Nord à une
douzaine de kilomètres d’ici. Tu t’arrêteras sur ce vaste plateau que
baignent le Kpanda et l’Ayilè (ce sont deux petits cours d’eau de
Bécédi-Brignan), car c’est là que s’épanouira désormais ta vie de digne
créature de dzeu, le Tout-Puissant. Obéis et surtout respecte l’heure, car
quelques minutes après ton départ, il y aura calamité". Le Kaman disparut sur ces mots mystérieux et Seubi Bofé
rejoignit sa maison dans une course effrénée.
Toute
la nuit, il informa sa famille de la grande nouvelle et prépara fiévreusement
ses bagages. Dès l’aube, il était prêt à conduire son monde vers la terre
promise. Mais à son convoi manquaient sa fille aînée qui refuse de partir et le
plus gros de ses coqs qu’il n’avait pas pu saisir. Comme il ne fallait pas
perdre de temps, il fut obligé de partir.
À peine
Bofé et les siens eurent-ils franchir 6 km sur l’itinéraire sacré que
l’inévitable commença à se produire. Le ciel s’assombrit brusquement et le
tonnerre gronda sept fois comme pour rappeler la durée de la création du monde.
Puis, une lourde pluie de pierres fondues à température infernale s’abattit
impitoyablement sur le maudit hameau. Les deux rangées de cases qui le
composaient furent séparément ensevelies, donnant ainsi naissance aux deux Mafas.
Pendant
ce temps, Bofé et sa suite continuaient paisiblement leur bonne vie sur cette
"terre promise" qui devint BÉCÉDI-BRIGNAN d’où sont partis les Béchiéduns, les populations de BÉCÉDI-ANON, MAFFA-MAFOU et MOPÉ.
Pour
manifester sa gratitude envers Dzeu, le Tout-Puissant, Bofé adorait
régulièrement les Mafas. Ses descendants continuaient la tradition jusqu’à nos
jours. Cette pratique a toujours conservé aux Mafas leur puissance qui se
trouve encore dans le pouvoir magique de leur intarissable petit lac.
MAFAS, SITE TOURISTIQUE, D’ADORATION ET DE MERVEILLES
Aujourd’hui
les Mafas, adorés par les membres de la grande famille Maffa Seumin, sont
devenus un pôle d’attraction ou, mieux, un pèlerinage, un lieu
de retraite spirituelle et d’excursion dans le département d’Adzopé voire
dans toute la Côte d’Ivoire (pour ceux qui le connaissent). Ces monts, par leur
caractère sacré, procurent des merveilles aux filles et fils du village et même
aux visiteurs et excursionnistes "croyants". Chacun y va pour prendre
sa part de bénédiction dans le petit lac intarissable. Le cas le plus patent
est le bref séjour de l’artiste MEIWAY sur les Roches pour le tournage de son clip "Les génies
vous parlent", lequel clip lui permit d’être quatre fois lauréat en 1998
aux éditions Cora et Africa Music Awards.
L’excursion
se déroule une seule fois dans l’année pendant les vacances scolaires avec les diverses
associations de jeunesse de la région et sous la direction d’un comité de
gestion mis en place par le Ministère ivoirien du Tourisme et de l’Artisanat depuis
2012, année où le site « Les Monts Mafa » a fait son entrée dans le
patrimoine touristique national ivoirien.
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Une vue de loin du Mafa |
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Des excursionnistes dur le Mont Mafa |
Le Mafa |
Vers une pente du Mafa |
Des excursionnistes pendant les vacances |
Un attroupement d'excursionniste autour du lac intarissable |
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