mercredi 28 mars 2012

Afféry / Après l’accouchement : La mère tue son bébé

Toute la ville d’Afféry est encore sous le choc ! Comment porter un bébé en son sein durant neuf longs mois et, à peine voit-il, le jour que celle qui lui donne la vie, la lui arrache ? C’est hélas, ce que Mlle Kassi Nicole, née en 1975 à Arrah, a servi aux populations d’Afféry dans le département d’Akoupé. Le drame s’est produit, le Samedi 24 Mars dernier. Nicole est dans la ville depuis 5 mois à peine. Elle y a rejoint Koimélan Alice, sa sœur aînée et son mari. Elle a tout d’une femme portant une grossesse, mais nie, rassurant sa sœur Alice qu’il n’en est rien ! Soutenant que son ventre est gros de nature ! Elle gère son « affaire » jusqu’au samedi 24 mars. Ce jour-là, elle a de fortes douleurs au ventre. Elle se rend toute seule à la maternité où elle donne vie à un beau bébé de sexe masculin. Selon des témoins, libérée quelques heures après son accouchement, Nicole regagne le domicile. Une cour commune où personne, ni sa sœur, n’est au courant de son accouchement. En l’absence de sa sœur allée au marché, elle envoie un enfant de 10 ans, en classe de CM2, lui acheter un produit phytosanitaire très toxique, destiné à la lutte contre les rongeurs dans les champs. Une fois en possession du produit, elle mélange le contenu à de l’eau qu’elle ingurgite au nouveau-né. Constatant que celui-ci agonisait, la mère indigne se rend dans une clinique privée. M. N’da Bernard, infirmier diplômé d’Etat à la retraite, examine le bébé. Vu son état, il lui fait une injection. Les minutes qui suivent, le bébé ne peut résister et rend l’âme, après avoir vécu juste quelques heures, sur la terre des hommes...La mère criminelle accuse l’infirmier à la retraite d’avoir tué son enfant. Malheureusement pour elle, un crime n’étant jamais parfait, l’écolier qu’elle a envoyé lui acheter le produit phytosanitaire, va la confondre ! Révélant que c’est en sa présence que la criminelle de mère a fait boire à son nouveau né le produit toxique mélangé à de l’eau. Démasquée, Nicole prend ses jambes à son cou. Elle est très vite rattrapée par les voisins de la cour. Informée, la gendarmerie d’Affery se rend sur les lieux et procède à l’arrestation de la mère et de l’infirmier pour les besoins de l’enquête. L’infirmier, jugé innocent sera libéré. La mère, elle, attend de répondre de ses actes.

Raphaël Yapo

Publié le mercredi 28 mars 2012 dans Le Nouveau Reveil du N° 3050 du 27/3/2012. Url : http://news.abidjan.net/h/430199.html

samedi 10 mars 2012

Akoupé : Un corbillard se renverse dans une rivière

Un grand malheur s’est abattu, hier, sur la zone d’Akoupé à cinq (05) kilomètres de cette ville. Un corbillard qui a quitté Abidjan pour Koun-Fao, n’est pas arrivé à destination. Il s’est renversé vers 11 heures dans une rivière. Le corbillard de marque Toyota immatriculé 9665ET a fait une sortie de route. Ses occupants, à savoir le chauffeur, Fofana Assoro, la femme du défunt, le sergent-chef Kouabenan Pierre (un athlète) et trois (03) autres personnes ont pu sortir rapidement du véhicule avant qu’il ne plonge dans l’eau avec le corps. Alertés, les sapeurs pompiers d’Abidjan se sont dépêchés sur les lieux. Ils ont réussi à sortir de la rivière le corbillard et le corps du militaire athlète. Un autre corbillard a été trouvé à la famille afin qu’elle puisse continuer le voyage sur Koun-Fao. Le premier endommagé a été ramené à Abidjan.
Dje km
Le Nouveau Reveil N° 3036 du 10/03/2012
Url : http://news.abidjan.net/h/428728.html

vendredi 6 janvier 2012

Ancienne gloire de la musique ivoirienne: ANOMAN BROU FELIX SE MEURT



Le virtuose de la guitare des années 60,70 et 80, Anoman Brou Félix, est mal en point. Rongé par la maladie, il se déplace difficilement. « Le diabète et la tension me fatiguent beaucoup. C’est avec difficulté que je parcours les 30 mètres qui séparent ma chambre de l’endroit où je me repose dans ma cour », nous a-t-il confié lors d’une visite à son domicile. Anoman Brou Félix qui a fait danser plus d’un ivoirien dont l’ex- première dame de la Côte d’Ivoire, Thérèse Houphouët-Boigny, voudrait pouvoir compter sur ses frères et sœurs ivoiriens et surtout sur le premier citoyen ivoirien, SEM. Alassane Ouattara, pour recouvrer la santé. Anoman Brou Félix qui a troqué la machine à coudre pour la guitare dans les années 1960, vit aujourd’hui à Adzopé au quartier Djannedji, dans sa modeste maison dont les travaux ne sont pas totalement achevés.

Adou Félix

Correspondant local in fratmat.info





Du show-biz à la plume: Anoma Brou Félix quitte la musique pour l'écriture

L'un des précurseurs de la musique moderne akié d’une part et ivoirienne d’autre part, Anoma Brou Félix, a décidé de ranger micro, guitare, trompette et autres instruments de musique pour s'essayer dorénavant à l'écriture. “Depuis le mois de juillet dernier, j'ai décidé d'arrêter la musique pour me consacrer désormais à l'écriture de mon livre”, a confié le musicien Anoma Brou Félix, rencontré récemment à son domicile, au quartier Tsassodji d'Adzopé, dans le voisinage du cimetière catholique.A en croire, le futur ex-musicien, l'arbre de l'art est un arbre mystique dont chaque branche donne des fruits bien différents. “La branche musicale m'a rendu célèbre dans mon pays, la Côte d'Ivoire. Aujourd'hui, je me sens capable de me déplacer sur une autre, la branche littéraire. Et je compte y rester jusqu'à la fin de ma vie”, a annoncé Anoma Brou Félix. Pour ce faire, il dit s'être mis au travail pour la finition de son livre intitulé “Sueur de courage purifie l'âme. Mets-toi en évidence, enfant noir”. Cette future œuvre, selon son auteur, sera divisée en 7 grands chapitres dont “Le carrefour de la sagesse”, L'enfant éprouvé”, “J'ai eu peur de l'homme noir”, “Initiation ancestrale” et “Tout se paye sur cette terre”. Anoma Brou affirme l'avoir tiré de son premier manuscrit datant de 1996 mais qui n'a jamais été publié “pour des problèmes de diverses natures”. Mais pour lui, cette fois est la bonne. “L'édition de l'œuvre est en cours. Elle paraîtra en 2009. Et je compte placer la cérémonie de dédicace de mon futur livre sous le parrainage du président de la République, Laurent Gbagbo”, a confié le futur ex-musicien. Anoma Brou Félix a profité de notre rencontre pour revenir sur la triste rumeur qui l'avait annoncé pour mort, il y a quelques semaines. “Je voudrais demander à tous les Ivoiriens et singulièrement à mes proches parents, ainsi qu'à mes amis et connaissances, de se tranquilliser car je suis encore vivant et je me porte comme un charme”, a-t-il lancé.A 72 ans révolus, Anoma Brou mène une vie paisible, depuis une dizaine d'années, dans sa retraite d'Adzopé. Il la partage désormais entre l'écriture de son livre et des travaux champêtres.

Patrice Tapé in Notre Voie, URL : http://www.notrevoie.com/develop.asp?id=14879

jeudi 5 janvier 2012

Approche anthropologique de la loucherie en pays akyé (Côte d'Ivoire)

APPROCHE ANTHROPOLOGIQUE DE LA LOUCHERIE EN PAYS AKYE (COTE D’IVOIRE)
K.V. KOFFI*, F.X. KOUASSI*, A.C. KOUASSI*, M. ADIKO*, K. OGNI**, A.C. KOUASSI*, C.T. KEITA*
* Service d’ophtalmologie CHU de Cocody - Abidjan - Côte d’Ivoire.
** Département de Sociologie - Faculté des lettres Arts et Sciences
Humaines - Université de Cocody - Abidjan - Côte d’Ivoire.
Médecine d'Afrique Noire : 2001, 48 (1), pp. 15-17



* Service d’ophtalmologie CHU de Cocody - Abidjan - Côte d’Ivoire.
** Département de Sociologie - Faculté des lettres Arts et Sciences Humaines - Université de Cocody - Abidjan - Côte d’Ivoire.


RESUME
La loucherie ou strabisme est un défaut du parallélisme des axes visuels qui se traduit par la déviation de l’un ou des deux yeux. Cette déviation peut alérer le regard ou au contraire susciter un charme dans celui-ci.
En Côte-d’Ivoire, le strabisme se vit diversement suivant les sociétés et donc les cultures. Dans la société akyé, la loucherie appelée «Hintchan « est jugée inesthétique. Pour en appréhender les interprétations culturelles dans ce groupe ethnique, nous avons mené des enquêtes auprès des féticheurs, des guérisseurs, des charlatans, des personnes âgées et des jeunes. Il ressort
que chez les Akyé les causes de strabisme sont :
- Les transgressions d’interdits sociaux,
- La mors u re de la mère par un serpent eu début de grossesse,
- Le contact du liquide amniotique avec les yeux du nouveau-né,
- Les mauvaises postures de la femme enceinte : décubitus dorsal,
- La naissance une nuit de pleine lune.
La loucherie ne se traite donc pas, on vit et l’on meurt avec elle selon les conceptions traditionnelles Akyé.
Mots-clés : Loucherie, strabisme, Akyé, anthropologie.
ABSTRACT
Anthropological approach of squinting in Akye region (Ivory Coast) Squinting is default of the parallelism of the visual axis that brings about the deviation of one or both eyes. This deviation, also caffed strabismus, can alter the view or on the contrary provide it with a form of beauty. In Ivory Coast, strabismus is viewed difforently according to the type of society or culture. In the Akye society, squinting called «Hintchan» is considered ugly. To collect the cultural interp re t ations in the Akye ethnie


INTRODUCTION
La loucherie est un défaut du parallélisme des axes visuels qui se traduit par la déviation de l’un ou des deux yeux.
Cette déviation des axes visuels peut altérer le regard ou au contraire susciter un charme dans celui-ci. En Côte d’Ivoire, le strabisme se vit dive rsement suivant les sociétés, le visage ayant un statut variable selon les culture.Par exemple, dans la société Wè, la loucherie que l’on peut nommer « ylikli» (yeux penchés) est un atout de ch a rme pour la beauté surtout de la femme. Une femme qui louche est très appréciée. Les « yeux penchés « sont également appelés :
« yeux d’amour». Dans la société Akyé, la loucherie, « hintchan» est jugée inesthétique. Elle est, considérée comme une maladie et elle va perturber l’univers relationnel du malade et dégrader son image sociale parce que le loucheur va subir les railleries de son entourage. Ainsi dans ce travail, nous essaierons de faire ressortir les différentes représentations culturelles de la loucherie en pays Akyé et leur incidence sociale.
CADRE GEOGRAPHIQUE ET SOCIOLOGIQUE
Le pays Akyé est situé au sud-est de la côte d’Ivoire. Il couvre 8.180 kilomètres carrés pour une population de 410.877 habitants. La densité brute est de 47 hab i t a n t s /km2 avec un taux d’urbanisation de 50 % en moyenne (1).
La société Akyé offre un paysage en pleine mutation. Les villages, sont lotis et reconstruits en ciment dans un plan d’ensemble en damier avec des rues se recoupant en angles droits, des monuments religieux et funéraires. C’est l’une des régions de la Côte d’Ivoire où la scolarisation est très élevée, se traduisant par un nombre important d’écoles. Le taux de scolarisation était de 90 % aprèsles indépendances (1). De nos jours, avec la crise économique, ce taux a baissé aux environs de 60 % (2).
Pour mieux appréhender les interprétations culturelles de la loucherie chez les Akyé, nous avons interrogé des féticheurs, des personnes âgées et des jeunes gens dont les expériences nous ont apporté les informations nécessaires à cette étude.
LES CAUSES DE LA LOUCHERIE EN PAYS AKYE
Dans la société Akyé comme dans toutes les sociétés traditionnelles africaines, les notions de santé et de maladie sont plus liées aux désor-dres sociaux qu’aux déséquilibres biologiques et aux atteintes physiques. La santé découle de l’ordre harmo-nieux du cosmos et de la société. La maladie s’inscrit dans les catégories du mal et du désordre social.
Les Akyés ont une conception surnaturelle de la loucherie avec une approche thérapeutique qui en découle. Ainsi, les différentes causes de strabisme que nous avons pu recenser sont les suivantes :
1 - Les transgressions d’interdits sociaux Les transgressions d’interdits sociaux peuvent engendrer la loucherie comme punition ou châtiment du sacré, le sacré regroupant Dieu, les génies, les ancêtres, les défunts,
- une femme enceinte ayant des rapports adultéres pourrait donner naissance à un enfant frappé de loucherie, l’adultère étant considéré comme une faute très grave pendant la grossesse. L’infirmité du nouveau-né peut être plus accentuée et intéresser d’autres parties du corps en dehors des yeux, les membres par exemple. Les Akyés pratiquent l’infanticide pour ce genre d’enfants qui sont selon eux, l’incarn ation de génies. Le mélange incompatible du sang du père à celui de l’amant serait à l’origine de ces manifestations.
- une femme qui ne respecte pas le tabou qui interdit les rapports sexuels en période menstruelle pourrait également donner naissance à un enfant porteur d’un strabisme. Cet enfant étant issu d’une mère impure.
2 - La morsure de la mère par un serpent pendant les premiers mois de grossesse pourrait être à l’origine d’un strabisme chez l’enfant à naître.
3 - Le contact du liquide amniotique avec les yeux du nouveau-né pourrait provoquer un strabisme


4 - Les mauvaises postures de la femme enceinte, comme par exemple décubitus dorsal prolongé pourrait entraîner une loucherie.
5 - L’influence de la lune : un enfant naissant le jour de la pleine lune peut loucher.
Les rayons de la pleine lune éblouissant le nouveauné pourraient créer une déviation des axes visuels.
LE TRAITEMENT DE LA LOUCHERIE
Les Akyés utilisent généralement pour soigner les maux oculaires, des feuilles ramollies au feu, froissées et pressées, dont l’extrait obtenu est employé en instillations oculaires.
Pour ce qui est de la loucherie, les Akyés considèrent cette maladie comme une expression de la volonté divine et ils ne lui appliquent aucun traitement. On vit et l’on meurt avec sa loucherie. Cette conception surnaturelle de cette affection se trouve être un frein pour les populations à soigner objectivement cette maladie.
Ces considérations nous ont amené à faire un certain nombre de recommandations en vue de pallier ces insuffisances pour le bien-être des populations afin que la loucherie ne soit plus vécue comme une fatalité.
RECOMMANDATIONS
A - Au niveau du Ministère de la santé
- Doter l’hôpital d’Adzopé, chef-lieu de département, d’un service d’ophtalmologi e. Les malades sont en effet obligés de faire le trajet jusqu’à Abidjan pour leurs soins et cela facilite la sollicitation des services des guérisseurs et féticheurs des villages.
- Organiser avec le concours des enseignants des écoles des villages des séances d’information et de sensibilisation sur la loucherie.
B - Concernant les personnes atteintes de loucherie
Accepter la chirurgie de la loucherie si cela s’avère nécessaire et savoir qu’un seul temps opératoire peut ne pas être suffisant pour redresser les axes visuels.
C - Concernant les parents des enfants atteints de loucherie
Emmener les enfants à la consultation d’ophtalmol ogie dès l’apparition de la loucherie, la prise en ch a rge précoce du strabisme étant fondamental pour le succès du traitement
CONCLUSION
Ce travail a été réalisé dans le cadre d’une maîtrise de sociologie médicale à l’université d’Abidjan ; au département d’ethno-sociologie, il a permis d’appréhender la représentation de la loucherie dans le groupe Akyé et de mettre en évidence le poids de la culture de ces sociétés et leurs conséquences en matière de santé.
BIBLIOGRAPHIE
1 - ABE N.
Médecine africaine et medecine officielle en Côte d’Ivoire. Voies et moyens de collaboration. Mémoire de DEA . IES Abidjan. Juin 1986.
2 - GARNIER K.
G u é ri s s e u rs et médecine en pays Akyé (Côte d’Ivo i re). Etude d’une catégorie de thérapeutes et leurs techniques.
Mémoire Paris 1977.
3 - GARNIER R.
Soins du corps et « âmes «. L’ordre d’une existence en pays Attié. Tour : l’auteur, 1990, Tome 2.
4 - PAULME D.
Première approche des Attié (Côte d’Ivoire). Cahiers d’études africaines, 1966, vol. 21.
5 - RETEL G.
Etiologie et perception de la maladie dans les sociétés modernes et traditionnelles. Edition l’Harmattan, Paris 1977.
6 - DIAN BONI
« Le pays Akyé « (Côte d’Ivoire). Etude de l’économie agricole. Annales de l’université d’Abidjan, 1970, Série G, Tome 2, Fascicule 1.

Bouapé/ Revalorisation des chants et rythmes traditionnels en pays akyé - Le groupe Victoria perpétue la danse akpongbo

Bouapé. Bourgade de plus de 4 000 âmes, à environ 25 km d'Adzopé, canton N'Kadjé, situé dans le Sud-est de la Côte d'Ivoire. Il est 7 h 22 mn ce samedi 3 juillet 2010. La voie principale du village et les ruelles avoisinantes grouillent de monde. Hommes, femmes, enfants, tous apparemment agités, vont et viennent. Les maquis et autres bistrots de fortune jouent la musique tradi-moderne akyé à profusion. A Chikenzo, l'un des dix quartiers de ce village, l'ambiance est à son paroxysme. On danse. On chante. On boit. "Aujourd'hui, on va voir si le "Groupe Victoria" tient encore la route", lance un jeune homme d'environ 15 ans.
Victoria ? "En fait, il s'agit d'un groupe de danse traditionnelle créé dans les années 1930 par les premiers habitants de Bouapé. Même de nos jours, il continue de faire notre fierté dans l'exécution de la danse akpongbo. Si c'est pour ça que vous êtes venu, rendez-vous sur la place publique", nous indique Béda Nicaise (26 ans), qui sera par la suite notre guide. Avec lui, nous visitons d'abord les quartiers Dallas, Mbobabokoi et Zoo, avant de nous rendre à la place publique en question.
Le décor est planté
8h13 mn. Le décor est planté. Des bâches dressées soigneusement laissent entrevoir un cercle aménagé pour la circonstance. Spectateurs venus des quatre coins du canton N'Kadjé, autorités coutumières de la localité et autres curieux sont en place. Un cri lointain attire l'attention du public en joie. "Ceux qui ont pensé que Victoria a disparu à jamais auront tort. Le moment tant attendu est arrivé. Que tout le monde se mette debout", entend-on. Le public s'exécute et retient son souffle. Les habitués des lieux forment une double haie pour accueillir Victoria, après 2 ans d'inactivité. Les spectateurs exultent et tournent leurs regards vers l'endroit où le groupe tant attendu a choisi de faire son apparition. "Ils sont là !", crie un jeune homme dans la foule.
En effet, trois fillettes d'environ 9 ans et une nourrice à la tête d'une longue procession se trémoussent avec aisance. Plus d'une trentaine d'hommes et de femmes en bigarré avancent en chantant et en dansant au son d'un vieux tam-tam et d'une trompette coloniale. "Recevez à présent les danseurs de Victoria, après deux ans de passage à vide", annonce Kouao Kouao Guy Cyrille, 28 ans, conseiller du groupe. Et ce, sous les acclamations du public et l'oeil vigilant du chef de terre, Nanan Kouao Kouao dit Louis XIV. Plus le groupe avance, plus la place publique devient noire de monde.
Une fois parvenus dans le cercle du spectacle, les membres du groupe font un tour d'honneur, munis de petits mouchoirs aux couleurs nationales (orange-blanc-vert). C'est ce moment que choisissent deux vieilles femmes, le corps enduit de kaolin, pour répandre une poudre blanche dans tous les sens. "Elles sont en train de sécuriser le coin au plan mystique. Car sait-on jamais", confie notre guide.
Une dame entonne un chant
9 h12 mn. Une fois la mise en place terminée, une dame entonne un chant d'entrée que le public reprend en choeur. Trois jeunes danseurs, deux filles et un garçon, exécutent des pas de «n'dé», une danse traditionnelle bien connue dans la région, au son de trois tambours bien disposés dans un coin du cercle. "Djéouheu" (le plus gros, "Kpémbé" (le moyen) et "Kénéba" (le plus petit). Chaque tam-tam produit un son particulier.
Mais l'ensemble donne un son mélodieux qui emballe les danseurs selon le rythme", explique un voisin de gauche, un vieil homme qui semble s'y connaître. Pendant ce temps, les chanteuses du groupe interprètent successivement «Francisco» et «Assandé bobouéveu». Ici, les danseurs et les danseuses exécutent, tour à tour, des pas comme «Assafè-dépi», «Akendé» et «Assahougnan-hougnan», sous les applaudissements nourris du public. "La plupart des chants sont dédiés à des personnes soit pour leurs actes de générosité en faveur du groupe Victoria, soit pour leurs hautes qualités sociales", précise dame Yébi Chiépi Hélène, encadreuse de Victoria.
D'ailleurs, dans ce registre, le groupe entonne «Gbagbo bobouyeveu» dans lequel il chante : président Gbagbo, si on est content et on s'amuse aujourd'hui, c'est grâce à toi. A ce moment, Nanan Kouao Kouao et quelques notables du village font un tour d'honneur en esquissant majestueusement des pas de danse spéciaux en l'honneur des personnalités de marque. "Vous voyez que le seul nom du président Gbagbo a suffi pour que même les chefs se mettent à danser", fait remarquer notre guide.
Le show des trompettistes
Pendant ce temps, les deux trompettistes de Victoria, N'Cho Yapo François (65 ans) et Latto Méda Eric (30 ans), font une petite démonstration en faisant écouter au public, divers sons que sont capables de produire leurs vieux instruments juste bons pour un musée. "Bravo, bravo", crient des spectateurs émerveillés. Ils n'auront pas le temps de s'éclater car une jeune fille tombe brusquement en transe, en poussant des cris de détresse et en parcourant la scène dans tous les sens. "Ne vous affolez-pas, chers spectateurs. C'est juste pour annoncer l'étape la plus attendue de notre manifestation", explique Kouao Kouao Guy Cyrille. Qui, d'un geste discret, demande aux dames Assi Aho Mathilde et Yapo Chiayé, les formatrices du groupe, de changer de registre avec «Kaya Nobié Macen» et «Fami Ponniqué».
L'akpongbô
Dans le cercle du spectacle, les membres de Victoria font un tour d'honneur, munis de petits mouchoirs blancs, avant d'exécuter tour à tour des pas de «drapeau» et «apinzé» qui annoncent la danse «akpongbô». Et lorsque le vieux trompettiste N'Cho Yapo François et deux vieilles femmes se présentent dans le cercle pour leur tour de danse, c'est le délire. Le public ne boude pas son plaisir, en reprenant en choeur ces deux chansons populaires dans la région. Entre temps, ces trois «anciens» de Victoria se trémoussent sans arrêt à droite ou à gauche, en avant comme en arrière, avec une rare agilité dont eux-seuls ont le secret. Le tout, au son de trois tam-tams joués par des batteurs zélés, maîtres d'un rythme particulièrement saccadé. "C'est de l'akpongbô original. Cette danse ancestrale qui a donné d'autres dont vous avez vu, bien avant, un échantillon", poursuit Kouao Kouao. Qui révèle que le vieux tompettiste-danseur N'Cho Yapo est non seulement membre-fondateur, mais il est surtout l'actuel président de Victoria de Bouapé créé dans les années 1930.
Le spectacle tire à sa fin
13 h 40 mn. Le "spectacle" tire à sa fin. Les membres de Victoria entonne «Victoria dzé koileu» (Victoria retourne à la maison), un chant d'au revoir. Les photographes, pour la plupart des amateurs, font leurs dernières prises de vue. Pendant ce temps, notre compagnon qui a fini par savoir qui nous sommes en réalité lance ceci, sous-forme de plaidoyer. "Puisque vous êtes journaliste, informez le peuple ivoirien et le monde entier que la danse «akpongbô» existe toujours en pays akyé. Que le ministère de la Culture nous aide à la revaloriser". Un voeu que partage le vieux N'Cho Yapo et son groupe. Sous nos yeux, la place publique se vide peu à peu de son beau monde. Nous choisissons également de quitter Bouapé et son peuple fiers de leur akpongbo.


Par Patrice Tapé in Notre Voie du 16 septembre 2010, URL : http://www.notrevoie.com/develop.asp?id=31792

Le xylophone pémē dans la vie de l’enfant en pays akyé (Sud-est de la Côte d’Ivoire)



FESTIVAL INTERNATIONAL «TRIANGLE DU BALAFON »
3ème édition, 2-5 novembre 2006, Sikasso, Mali



Thème : Le balafon dans la structuration de l’enfance : fabrication de l’instrument, jeu, chant, danse
"Le xylophone pémē dans la vie de l’enfant en pays akyé (Sud-est de la Côte d’Ivoire)"
Par Adépo YAPO, Musicologue


INTRODUCTION
Le balafon dans la structuration de l’enfance apparaît, pour nous qui sommes nés dans les zones forestières, à la fois comme une démarche aboutissant à un regard introspectif sur nous-mêmes et comme un sujet de réflexion sur les rapports qui peuvent être établis entre l’éducation que tout enfant peut recevoir au travers de cet outil pédagogique et artistique. Instrument de musique, doté de possibilités mélodiques et rythmiques, le balafon, sous toutes ses formes, peut inviter au jeu, à la danse et au chant. Mais selon l’utilisation que l’on en fait, sa pratique accompagne le chant et/ou la danse. Cette fonction apparaît fondamentale dans les zones de savane où il forme avec d’autres instruments un ensemble orchestral. Si le mot balafon s’identifie à tous les types de xylophones en Afrique, il faut se mettre d’accord du fait que, cet instrument de musique ne joue pas le même rôle dans les zones forestières. En pays akyé où nous avons fait nos recherches, il sert d’épouvantail sonore dans les plantations.
[…] Alors que dans les régions septentrionales les instruments ont leurs lames assujetties en permanence sur un châssis de bois, le centre et le sud ne connaissent que des xylophones de facture beaucoup plus rustique, assemblés seulement au moment d'en jouer, et de taille plus réduite. Ces derniers sont souvent utilisés en fait, à l'heure actuelle, comme épouvantails sonores, par exemple pour tenir les singes éloignés des plantations, et plutôt considérés en conséquence comme des jouets musicaux que comme de véritables instruments. (Augier P., Yapo A., 1981,)
Le xylophone, instrument constitué d'une série de lames de bois de dimensions différentes permettant de produire une échelle de sons, est largement répandu en Côte d'Ivoire. Lorsque les lames sont accompagnées de résonateurs en calebasse, on l'appelle souvent balafon. Quoique imposé par l'usage, ce terme est discutable : emprunté à la langue malinké, il signifie en effet "(faire) parler le bala" (le jouer, bala désignant le xylophone spécifique des pays malinké), et s'applique donc à une action, non à un objet (Zemp H.).
Si l'Akyé ne connaît pas de musique spécifique pour le travail, nous avons noté des chants dont les paroles font allusion à certains travaux. A ces chants, nous pouvons aussi ajouter ceux qui accompagnent le défrichage de la forêt, l'abattage des arbres, pour créer de nouveaux champs. En effet, les hommes pendant ces travaux, poussent des cris (qui' font alterner la voix de la poitrine et la voix de tête sur des onomatopées. Cette technique est très apparentée au yodel, quelques mots s'intercalent entre ces formules onomatopéiques. Les Akyé, au travail, ne s'aident pas seulement de chants, mais également de musique instrumentale.
Le plus usité en pays akyé est pémē, un xylophone sur troncs de bananiers. On le joue essentiellement dans les plantations pour se préserver des animaux dévastateurs surtout des singes qui viennent piller les bananes, leurs fruits préférés. Le xylophone affirme donc la présence de l'homme dans le champ.

L’ENFANCE ET LE BALAFON
On se tromperait lourdement, d'ailleurs, en imaginant que dans leur utilisation champêtre ces xylophones ne servent à produire qu'une sorte de cacophonie informe à seule fin de provoquer la frayeur des animaux prédateurs. Leur répertoire mérite au contraire qu'on lui accorde une certaine attention dans la mesure où il consiste souvent à mettre en jeux des morceaux de musique dans lesquels on peut voir, plus qu'un divertissement innocent, les éléments d'une authentique éducation musicale, tel ce curieux petit canon perpétuel, plus simple d'écriture que facile d'exécution, qui met en compétition les deux protagonistes sur un motif de rythme entrecroisé qu'il faut jouer le plus rapidement possible.
Les pièces s'exécutent sur un seul instrument, les musiciens étant assis face à face et frappant l'extrémité des touches au moyen de petites baguettes de bois. Sera vainqueur celui qui poursuivra le plus longtemps le jeu régulier de sa partie, en dépit de la difficulté d'éviter que ses frappes viennent à coïncider avec celles de son partenaire. Ces joutes peuvent constituer un divertissement, le soir, au village. C’est dans ce contexte que le garçon ou la jeune fille akyé tente de structurer son enfance.
Comme tous les enfants de ce monde des humains, le bébé akyé annonce son arrivée parmi les siens par un cri, son qui devrait non seulement déterminer la qualité de la voix, instrument de communication par excellence, mais également indiquer la voie à suivre pour conduire son expérience ici bas. Selon certaines recherches des spécialistes dans le domaine de l’acoustique, tous les premiers cris des bébés, quelle que soit leur culture ou race, résonneraient à la même fréquence que celle de la note LA 440 Hz. Si ce référent sonore trouve une unanimité autour de la question, il apparaît important de souligner que tous les enfants naissent avec un potentiel culturel commun à l’humanité et c’est leur milieu qui leur confère une identité ethnique.
L’enfant akyé, vu sous cet angle, aurait perdu l’usage de ce son fondamental par la suite pour aller à la recherche des sons de son environnement pour forger son langage, celui par lequel il devra désormais communiquer avec ses semblables. Pour ce faire, des jeux sonores, prenant naissance dans l’environnement maternel de la musique, lui sont proposés. C’est dans ce contexte que la maman tente de détourner son attention avec des berceuses lorsqu’il pleure. Au travers de ces douces mélodies empreintes d’amour maternel, l’enfant prend connaissance peu à peu à la fois d’un espace de jeu et d’un vécu temporel, comportement qui lui permettra de trouver sa place dans la société.
Après la perception de ces sonorités exécutées pour lui, il prendra une part active dans les jeux chantés et dansés avec les autres enfants de son âge qu’il apprendra à découvrir. Il frappera des pieds et des mains pour découvrir la musique et la danse. C’est par ce moyen qu’il arrivera à chanter sa danse et danser son chant selon les écrits d’un musicologue français, Gilbert Rouget. Mais il existe des instruments qui, avec leur possibilité d’imiter la langue parlée, offrent l’opportunité à celui qui les utilise de s’exprimer et de communiquer. Le balafon, instrument percussif et mélodique donne cette possibilité à l’enfant qui se laisse fasciner par sa sonorité et son jeu musical.
Chez les Akyé, l’on dit que cet instrument serait fabriquer par un génie pour l’exécuter dans sa plantation afin d’éloigner les animaux dévastateurs. Mais y regarder de près l’on se mettre d’accord du fait que l’enfant à qui est confié la garde de la plantation, une bananeraie devrait faire du bruit avec les morceaux
de bois à sa possession. Certaine fois il aura à pourchasser les singes en frappant sur différents morceaux de bois. Cette hypothèse que nous avons développée dans des travaux antérieurs (YAPO A., 1980) pourrait attester la prise de conscience de l’enfant, par lui-même, de son insertion dans l’espace et le temps dont le contrôle pourrait assurer sa structuration et sa socialisation au sein d’un monde plus grand ou plus petit.
Si nous considérons le rôle que doit jouer l’enfant et l’instrument conçu dans ce contexte, force est d’observer que, ici, la notion de structuration de l’enfance par le truchement d’un instrument dépasse le simple jeu artistique mais nous conduit à une connaissance du monde sonore, de la nature vivante des choses et des êtres. C’est dans cette perspective que nous allons développer ce qui va suivre sous ces lignes.
Nous venons de voir que l’enfant, à la découverte de son propre jeu – jeu chanté et dansé – va prendre conscience de ses capacités de tous genres :
effort de réflexion ;
effort physique;
effort de création ;
effort de communication ;
expression artistique ;
etc.
Tout ceci concoure à sa capacité de décision. La fabrication du premier xylophone akyé a dû exiger la combinaison de tous ces efforts. Trouver le bois dont la sonorité réponde au mieux aux contraintes acoustiques qui s’imposent constitue un élément déterminant. Ici encore, la notion de temps et de l’espace intervient. Ce qui ferait de la fabrication du balafon un jeu de construction semblable à celui que l’enfant aurait expérimenté par le passé.
Fabrication
Le pémē est formé de six lames de bois de parassolier posées sur deux troncs de bananiers couchés è même le sol perpendiculairement aux lames. Ces lames étant de même longueur, mais devant donner des sons différents, c'est l'épaisseur et la largeur qui leur permettent de donner les hauteurs voulues. C'est l'espace compris entre les lames de bois et le sol qui constitue le résonateur de l'instrument.
Il faut tout de suite signaler que celui qui fabrique l'instrument est généralement celui qui en joue. Il connaît l'échelle de l'instrument. Il place d'abord à un endroit bien nettoyé à plat sur le sol les deux troncs de bananiers d'égale longueur. La longueur de ces troncs est fonction de celle sur laquelle on peut placer six lames
de bois moyennant un espace pour les séparer. Il met ensuite sept piquets en bois sur chaque tronc de bananier, pour avoir six intervalles qui correspondent au nombre de lames.
D'une manière générale, les xylophones du sud se composent le plus souvent de six lames, quelquefois plus, rarement moins. Pour en jouer, on dispose parallèlement sur le sol deux troncs de bananiers dans lesquels sont enfoncées des chevilles de bois. On place alors les lames sur les troncs formant un support, en les isolant par un petit bourrelet de paille tressée. Les chevilles limiteront leurs déplacements lorsqu'elles rebondiront sous l'effet de la frappe.
En apparence, les lames sont taillées assez grossièrement : l'accord est cependant d'une précision largement suffisante pour permettre de distinguer sans la moindre équivoque l'échelle diatonique du jomolo baoulé, celle, pentatonique, du gonoe dan, ou celle "chromatique" du gbo des Guéré. (Augier P., Yapo A., 1981).
Après cette disposition, le fabricant coupe le tronc de parassolier en trois morceaux égaux en longueur. I1 fend longitudinalement chaque morceau en deux, ce qui donne six lames. Cette opération se fait dans un ordre bien établi. I1 taille d'abord le morceau le moins épais pour obtenir les deux notes les plus aiguës de l'échelle. Ainsi du haut de cette échelle de six notes, il descend à la note la plus grave comme il le ferait S'il était au sommet de l'arbre pour descendre.
A partir du haut de l'échelle, il construit les cinq intervalles suivants : un ton, un ton, un demi ton, un ton et un autre ton. Ce qui fait quatre ton et un demi ton. Si nous prenons le Do3 du clavier comme note fondamentale de l'échelle, nous avons en gamme descendante: SOL - FA - MI- RE- DO et SIB, la sous tonique. L'échelle va de gauche à droite, les sons aigus étant à la droite de l'instrumentiste. De plus, 1`instrumentiste frappe le morceau de lame situé le plus près de lui, c’est-à-dire, l'extrémité de la lame.
Voici l’enfant akyé, jeune garçon comme jeune fille, en face d’une activité ludique, devant servir à la fois pour faire de la musique et pour exercer un travail champêtre. Nous pouvons noter, avec le recul que nous avons aujourd’hui, que cette activité lui confère un cadre rituel pour apprendre quelque chose sur les éléments de sa propre culture. En effet, l’on pourrait établir une relation entre le nombre de lames constituant l’instrument et celui du calendrier rituel des Akyé qui est de six jours. Ainsi, il se trouve, dans ce jeu, en présence d’une réalité temporelle et spatiale qui devra forger son esprit et modeler son corps, l’apprentissage et la pratique du balafon lui offrant cette possibilité.

LA PRATIQUE MUSICALE
Le xylophone pémē se joue à deux, les musiciens étant assis face à face. Pour y parvenir, cela demande une connaissance du répertoire propre à cet instrument et une technique de jeu précise. La musique qui en résulte n'est appréciée que s'il y a homogénéité, harmonie entre les deux musiciens qui jouent ensemble. L'un joue le rôle de soliste et l'autre celui de l'accompagnateur. Les musiciens peuvent se servir d’une baguette ou deux selon les morceaux. Certaines fois, celui qui joue le rôle d’accompagnateur exécute sa partie sur une seule touche et ce, à l’aide d’une baguette ou deux, lorsqu’elle se présente sous la forme d’un ostinato.
La technique de jeu se fonde sur une exécution décalée d’une formule mélodico rythmique sous la forme d’un canon à une ou deux mains - il s’agit ici du nombre de baguette que l’on utilise - et également de jeu principal accompagné. S’agissant des canons dits en forme miroir, l’entrecroisement des deux jeux décalés offre aux exécutants un véritable reflet de leur personnalité l’un par rapport à l’autre. C’est ici que la notion de positionnement par rapport à l’autre ou dans la société prend tout son sens rituel. Nous allons le découvrir dans le contenu musical qu’offre le répertoire du xylophone akyé.

LA MUSIQUE
Le xylophone pémē, un instrument seulement utilitaire au départ se retrouve muni d'un rôle et d'une possibilité artistique. En effet, le son du xylophone porte loin, répercuté par la forêt, ce qui lui permet, par une variété de sons, de se différencier des bruits de l'abattage d'arbres. La sonorité du xylophone pémē est lié essentiellement au monde de la forêt. C'est ainsi que les pièces les plus connues du répertoire ont pour titre :
Pasē, ce titre renvoie au chasseur qui demeure le grand connaisseur de la forêt
Numu évoque les mouvements d’un singe en gambade ;
Koko Bete, ce sont les malices du rat qui danse sur un monticule de terre sans crainte à l’absence des chasseurs ;
Sa koueu koueu, une pièce qui fait allusion à l’expérience du vieillard ;
Bon kê Lobin Koê Gnin Fon Zé.
Ce dernier titre est l'invitation qu’un musicien adresse à un autre musicien d'entrer dans son jeu. Nous allons tenter de découvrir sa structure pour comprendre le contenu. La caractéristique de ce morceau, ici, la mélodie échangée entre les deux parties du canon collé au texte chanté. Ce texte, de courte durée joué au xylophone, atteste que la musique exécutée à l’aide de cet instrument est un langage qui se substitue à la parole et ne garde que le côté phonétique. Il est probable que la musique du xylophone pémē soit basée sur des textes chantés et adaptés à l'échelle de l'instrument.
Bon Kê Lo Bin Koé Gnin Fon Zé veut dire en langue akyé :"Tu ne sais pas jouer, lèves-toi et pars".
Quand deux bons instrumentistes du pémē doivent jouer ensemble, l’un assis dans le bon sens de l'échelle dit à l'autre cette phrase qui paraît, à priori, ironique. Comment peut-on inviter un partenaire à jouer et se comporter de façon insolente: avec lui. Voyons ensemble ce que veut dire cette phrase.
. Tu ne sais pas jouer, lève-toi et pars.
. Si tu ne sais pas jouer, il faut te lever et t'en aller.
. Je t'invite à jouer avec moi mais si tu ne peux pas jouer avec moi, il ne faudra pas essayer.
Ceci est donc en même temps une invitation et un défi générateur d'émulation, de plus i1 y a là de l'humour surtout quand des instrumentistes de talent se rencontrent. Cette invitation humoristique et bien acceptée par le partenaire car pour jouer ensemble, il faut posséder le même niveau de pratique instrumentale. Cette pièce par laquelle commencent les meilleurs instrumentistes, détermine alors si les deux partenaires pourront continuer ensemble de se livrer à cette activité ludique empreinte de musicalité.
Lorsque les deux partenaires sont face à face et qu’ils sont prêts à jouer, le soliste commence et expose par cette phrase « insolente » le schéma du canon. Le second doit répondre par la même phrase mais en canon. Si le canon est installé, c'est que les partenaires peuvent jouer ensemble. Alors la réponse du second prend ce sens : tu vois bien que je peux jouer avec toi.

ROLE DU XYLOPHONE
Au travers de tout ce qui a été développé, quel rôle peut-on attribué à ce type de balafon ? Car, à la fin de notre exposé il est plus que nécessaire de faire apparaître les éléments de structuration de l’enfance d’un individu dont le vécu temporel et spatial aurait été rythmé par la sonorité de cet instrument. C’est ici
que la pertinence du thème qui a été soumis à notre réflexion prend toute son importance. Par rapport à ce qui nous est donné de voir sur le terrain par nos propres recherches, nous allons énumérer quelques exemples pratiques pour relever les éléments de structuration vécus comme des expériences en matière de comportement, de production et d’éducation.
L’instrument, en lui-même, porte les marques d’un outil pédagogique et éducatif. Son apprentissage se fonde sur une pédagogie dite active car la méthode repose sur : l’observation, l’imprégnation et la réaction immédiate. L’imitation du maître sachant par l’élève apprenant est non seulement un signe de respect mais également celui d’une humilité garantissant un résultat probant qui est celui de faire comme le maître. Ici, apparaissent à la fois un rapport vertical et un rapport horizontal entre le maître et l’élève. Ce qui enrichit l’apprenant tant au plan de la structure événementielle se fondant sur la pratique et au niveau de la structure abstraite qui, elle, renvoie aux connaissances connexes à cette activité musicale au nombre desquelles nous pouvons citer :
la notion du temps
la notion de l’espace ;
la place de l’homme dans la nature et dans société ;
la mémorisation ;
la rétention ;
l’exécution ;
la communication ;
le jeu ;
la musicalité ;
l’affirmation identitaire et celle de la personnalité
Tout ceci assure à l’apprenant - c’est-à-dire le jeune garçon comme la jeune fille car tous deux sont aptes à surveiller les plantation pour les prévenir de destruction des animaux - une meilleure mise en place de sa structure psychique, émotionnelle et physique, la pratique de l’instrument mettant en résonance sympathique toutes les dimensions de l’être.
Jouer du balafon dans la plantation procure à l’enfant beaucoup de plaisir car il est toujours agréable d’effectuer des tâches avec un support sonore qui soutient le rythme du travail. Alors qu’ici, c’est le travailleur lui-même qui fait en une activité deux choses : celle de protéger les cultures vivrières de des prédateurs et celle de faire de la musique. Dans ce cas précis, nous pouvons mettre en relief que la structure mentale de l’enfant fait appel à une double fonctions, ce qui l’autorise à prendre conscience de son rôle dans la société en tant que producteur de biens et de fait, participant au mieux être des siens.
Sorti de ce cadre champêtre, le xylophone pémē est utilisé pour des activités purement ludiques. En effet, cet instrument peut servir à faire un jeu de découverte. Des enfants, pratiquant cet instrument, se réunissent dans un espace qu’ils auraient délimité eux-mêmes. L’on cache un objet à l’insu de celui qui doit le découvrir par suite. Pour ce faire, il faut connaître le langage ou du moins le contenu du discours opéré à l’aide du xylophone. L’objet ayant été dissimilé dans une cachette, l’on fait appel à l’individu soumis au jeu et ce, par le son de l’instrument. Ce langage codé et compris par les participant devra guider, le candidat à la découverte, à trouver l’objet. Ce jeu d’enfant musiqué constitue également un élément éloquent pour attester que le xylophone possède bien son propre langage. Or, nous savons bien que langue structure la pensée qui, à son tour, aliment la réflexion. Il apparaît que dans ce jeu, l’enfant fait appel à toutes ses capacités intuitives réunissant encore une fois de plus le temps et l’espace en leur réalité vivante. Cette structuration de l’enfance par le biais du balafon nous informe sur nous-mêmes car elle laisse transparaître la dimension extensive de notre être que l’enfant découvrira plus tard dans des rites initiatiques. Il se trouve que la majorité des peuples qui utilisent cet instrument ont des pratiques rituelles pour lesquelles les néophytes doivent nécessairement être préparés. C’est l’un des rôles fondamentaux que le balafon a joué et continue de jouer pour la structuration de l’enfance.

CONCLUSION
Nous venons de voir que le xylophone pémē n’est pas un simple instrument de divertissement ou de soutien à des travaux champêtres où d’activités ludiques. Comme tous les autres instruments de musique, il participe de façons significatives à l’éducation harmonieuse de l’enfant. Son jeu percussif et mélodique trouve une fascination chez tout enfant. Aujourd’hui le balafon est, après le djembé, l’instrument africain le plus répandu. Il offre une technique de jeu à la fois simple et complexe. C’est ce qui pourrait expliquer sa longue présence aux différentes étapes d’évolution de l’enfant. Instrument de musique par excellence, il sculpte le corps et l’esprit de celui qui l’utilise pour chanter ou pour danser car il sait chanter lui-même et faire danser ses lames qui le composent. La connaissance de l’échelle des sons que l’on en tire offre, à l’apprenant, une structure à la fois temporelle, spatiale, événementielle et abstraite, se fondant sur une échelle de valeurs hiérarchisées. Ainsi, l’enfant apprend à connaître sa place dans la société. La pratique du balafon peut nous mettre en connexions avec toutes les autres formes de connaissance. C’est pour cela que l’on peut lui attribuer la capacité de structuration et de socialisation de l’enfant car il a la possibilité non seulement d’assurer son intégration avec d’autres sonorités instrumentales mais celle du musicien qui l’utilise avec d’autres orchestres.
Chez les Akyé où il n’est dansé que par les ancêtres, il indique bien le chemin à suivre pour trouver sa propre voie qui conduit vers le premier son que l’on ait émis. Les différentes expériences que l’on lui applique lui assignent plusieurs rôles. C’est ainsi qu’il peut chanter l’histoire des hommes, des animaux et des choses de la nature. De ce fait, l’on peut lui accorder des éléments aux vertus rituelles et de ritualisation. Or, dans nos sociétés traditionnelles, tout ce qui a trait aux rites, conférés par le sacré, bénéficie d’une attention particulière chez tout apprenant car ceci lui permet de réaliser une intégration harmonieuse avec les règles sociales et spirituelles. C’est pour cela qu’il faut se mettre d’accord du fait que la musique nous ait été donnée pour restructurer et harmoniser notre univers. Si cela se confirme dans nos expériences diversement vécues, le balafon, dans sa structure tant organologique que musicale, contribue éloquemment à établir ce principe organisationnel et fondamental, lié à la vie humaine. Ce principe lui-même participe beaucoup plus de l’amour et du partage que d’autres choses qui constitueraient une menace à la paix, un capital primordial pour tout Etre Humain.

Yakassé-Mé/Yapo-Abbé : Le ministre des eaux et forêts annonce le déguerpissement des clandestins de la forêt classée



Adzopé – Le ministre des eaux et forêts, M. Nabo Clément a annoncé des mesures « vigoureuses » de déguerpissement contre les individus installés frauduleusement dans la forêt classée de Yapo-Abbé, dans la sous-préfecture de Yakassé-Mé, lors d’une visite, vendredi, dans cette localité.M. Nabo Clément qui conduisait une forte délégation, entendait se faire une idée de la destruction de cette forêt classée par des clandestins ainsi que les populations riveraines qui vendent les parcelles de forêts aux individus qui y sont installés frauduleusement.Il a annoncé des mesures vigoureuses pour déguerpir les clandestins et procéder à la réhabilitation de ces blocs de forêt dont plusieurs dizaines d’hectares sont occupées par des cultures pérennes notamment le café, le cacao et d’autres cultures vivrières appartenant à plusieurs dizaines d’exploitants.